Quitter un CDI pour suivre une formation : modalités et conseils
9 000 personnes ont démissionné de leur CDI en France en 2022 avec l’intention de se reconvertir et de toucher le chômage. Derrière ce chiffre, une réalité bien plus nuancée : entre procédures complexes, délais à respecter et parcours parfois semés d’embûches, la transition professionnelle ne se résume pas à un simple saut dans l’inconnu.
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Changer de voie en CDI : ce qu’il faut savoir avant de démissionner
Lorsqu’on est salarié du secteur privé sous CDI, démissionner n’ouvre pas d’office les portes de l’allocation chômage. Seul le dispositif « démission-reconversion » permet d’en bénéficier, à condition d’avoir travaillé 1300 jours sur les 60 derniers mois, soit cinq ans à temps plein. Cette règle place la barre haut : il s’agit de prouver que le nouveau projet professionnel tient la route pour espérer décrocher l’aide au retour à l’emploi (ARE).
Impossible de faire l’impasse sur le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP). Cet entretien, mené par un organisme habilité, permet de décortiquer ses envies, d’évaluer la faisabilité du projet et de bâtir un dossier structuré. C’est le moment d’affiner son plan : formation qualifiante, création d’activité ou reprise d’entreprise, chaque option implique une préparation solide.
Une fois le projet formalisé, le dossier est transmis à une commission paritaire régionale, souvent via Transitions Pro. Là, tout se décide : la commission valide ou non la démarche et remet, si le feu vert est donné, l’attestation attendue pour activer le parcours.
À partir de cette validation, le salarié dispose de six mois pour s’inscrire auprès de France Travail (anciennement Pôle emploi) et activer ses droits. Tout retard fait sauter le bénéfice du dispositif. En cas de refus initial, il reste la possibilité de solliciter l’Instance Paritaire Régionale (IPR) après quatre mois sans emploi. Pour qui ne veut rien laisser au hasard, il existe des ressources officielles qui listent chaque étape et les interlocuteurs à contacter pour aller droit au but.
Quelles démarches pour quitter son CDI et se lancer dans une formation ?
Avant de remettre sa démission pour une formation, mieux vaut réfléchir à la feuille de route et explorer les différentes solutions disponibles pour éviter les mauvaises surprises. Parmi elles, la rupture conventionnelle attire souvent celles et ceux qui cherchent à sécuriser le virage : négociée avec l’employeur puis validée par la DREETS, elle garantit une indemnité et permet d’accéder au chômage. Un temps précieux gagné pour ajuster son projet et préparer sa transition.
Plusieurs outils permettent d’encadrer et de sécuriser une reconversion. Les voici, chacun avec son intérêt propre :
- Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) : il offre la possibilité de suivre une formation exigeante tout en restant salarié, souvent avec le maintien partiel de la rémunération.
- Le Compte Personnel de Formation (CPF) : un levier précieux pour financer sa formation, qu’elle ait lieu en dehors ou pendant le temps de travail. Dès qu’une formation impacte l’horaire habituel, l’accord de l’employeur devient obligatoire.
- Le bilan de compétences : pour clarifier ses envies, identifier ses atouts, et cibler plus efficacement la bonne orientation.
La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) ouvre une autre porte. Après douze mois d’expérience dans un métier, on peut viser un diplôme ou une certification sans repartir de zéro. Lorsqu’il faut quitter l’entreprise, la négociation du préavis avec l’employeur peut permettre de raccourcir la phase de transition, sous réserve d’un terrain d’entente. Le choix de la solution dépend du profil de transition souhaité : formation certifiante, création ou reprise de structure, reprise d’études. Les dispositifs publics offrent des guides détaillés à chaque étape de ce parcours exigeant.
Explorer les alternatives : se former sans nécessairement quitter son emploi
On n’est pas obligé de couper net avec son emploi pour réinventer sa carrière. Plusieurs dispositifs servent à étoffer ses compétences sans tout abandonner brusquement. Le Compte Personnel de Formation (CPF) occupe une place centrale : il permet de financer beaucoup de formations, qu’elles se passent sur le temps libre ou, sous réserve d’accord, pendant les horaires habituels.
Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) s’adresse à celles et ceux qui souhaitent s’absenter provisoirement pour étudier, tout en conservant leur statut de salarié et, parfois, leur rémunération. Ce genre de dispositif demande de constituer un dossier pointu, mais il permet d’avancer sans rompre le contrat.
Pour savoir quelles alternatives existent, voici plusieurs pistes concrètes à étudier :
- Le plan de développement des compétences, une initiative souvent portée par l’employeur, qui offre des formations sur mesure selon les enjeux de l’entreprise.
- La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), accessible dès un an d’expérience dans le secteur visé, qui permet de faire reconnaître officiellement ses acquis.
- Le bilan de compétences, conseillé pour éclairer une envie de reconversion et orienter de façon plus ciblée sa démarche de formation.
D’autres solutions sont parfois méconnues : congé sabbatique, congé sans solde… Ces pauses professionnelles permettent de souffler, réfléchir et tester de nouvelles voies sans rompre le lien avec l’entreprise. Il arrive aussi que certains salariés choisissent d’essayer une activité indépendante en micro-entreprise, avec l’accord de leur manager, histoire de valider en douceur leur projet avant un grand saut. Mieux vaut explorer toutes ces options avant de trancher.
Changer de trajectoire professionnelle ne se limite jamais à un grand saut à l’aveugle. Entre choix réfléchis, dispositifs adaptés et parcours personnalisés, personne n’écrit la même histoire, et c’est tout l’enjeu de définir la prochaine destination.
